CONSTANCE
CONSTANCE France
Quand on arrive à échanger avec Constance, la première chose qui frappe est sa profondeur mais également sa discrétion. C’est une grosse timidité que l’on devine à chacun de ses hochements de tête et qui dénote d’une très forte sensibilité. Mais que l’on ne s’y méprenne surtout pas. Cette force tranquille est en réalité une entêtée et qui l’assume. Pour comprendre sa détermination, il faut remonter jusqu’à l’âge de ses 8 ans, quand elle découvre l’univers des studios et enregistre sa toute première chanson. Elle ne s’est depuis alors, plus arrêtée. Durant ses années collège, il était courant de l’entendre chanter en sourdine au fond de la classe, le répertoire de grandes voix comme Anita Baker, Céline Dion ou encore Whitney Houston. Le public écolier conquis, se déplaçait en masse pour la voir chanter lors des semaines culturelles, elle à qui pourtant le monde fait si peur. Née d’un père sénégalais et d’une mère Cap verdienne, Constance a passé une bonne partie de son enfance dans la capitale sénégalaise et porte les influences de son métissage jusque dans sa musique. « Je pense à toi » en est le parfait exemple. Lors de sa création, elle n’a pas hésité à laisser ce morceau prendre une direction différente. Des mots abordés avec beaucoup de simplicité et une rythmique qui interpelle à la première écoute. À disséquer ce bijou à forte consonance « pop », il n’est pas étonnant de reconnaître des sonorités caribéenne mais également latines… Pour cause, ce single « Je pense à toi » à l’étonnant cocktail, sorti fin 2013, est un vrai succès commercial et médiatique avec près de deux millions de vues, à l’image des artistes signés malgré le peu de moyen. Polyglotte, elle chante en Français, en Anglais et en Créole portugais avec une aisance et une remarquable capacité d’interprétation teintée d’ un soupçon d’accent qui apporte une petite touche d’exotisme. Mais Constance aime prendre de la distance par rapport aux choses de la vie et être en phase avec elle même. Elle a peur de se laisser happer par le courant, donc elle se détache et prend son temps pour créer. Elle cherche, elle ressent, elle absorbe, elle essaie… « Je crois que pour donner de l’âme à sa musique, il faut du temps, il faut une histoire, un passé. Il faut de la douleur et de l’endurance…Il ne faut surtout pas essayer de refuser ses émotions. Car c’est justement ces émotions et les expériences vécues qui sculptent notre art et lui donnent du corps. » Et c’est ainsi que l’on ressent sa musique quand on l’entend chanter : un condensé d’émotions qui nous bouleversent. Il n’est pas rare de la voir taper du pied et balancer la tête, isolée dans un coin. Constance est juste en train d’imaginer à cet instant précis, ce que va être la prochaine ébauche d’une chanson. On connaît son attachement à sa terre natale et toute la nostalgie que lui inspire cette dernière à chaque fois qu’elle en parle. C’est peut être pour ça qu’on l’entend si souvent dire: « je n’ai toujours pas trouvé ma place ». Son « africanité », elle l’a revendique encore bien plus fort en nous présentant aujourd’hui son dernier morceau « I’LL BE YOURS ». Elle a mûri et cela s’entend. « Si je devais parler de ce nouveau morceau? Il me ressemble, simple et complexe à la fois. I’ll be yours est un clin d’oeil à cette Afrique d’où je viens car ses racines sont fortement ancrées en moi. Je la survole brièvement avec ce « riff » de guitare qui me rappelle la rumba congolaise et une rythmique nonchalante qui vient tout droit du nigéria. Un piano « rhodes » pour apporter la profondeur et ce côté « so jazzy » que j’aime tant, sans oublier cette sonorité si particulière dans mon chant à un moment donné, qui rappelle les griots du sénégal… » Mais avant tout ceci, c’est d’abord l’amour qui l’a fait sortir de son silence. « J’avais arrêté de chanter durant quelques mois. Je me suis même refusée à écouter de la musique. Et quand je l’ai enfin rencontré, je me suis rendue compte que je n’avais pas d’autre manière de m’exprimer si ce n’est qu’en chantant. Alors j’ai chanté pour lui dire à quel point je l’aime. J’ai chanté pour lui dire que je l’ai longtemps attendu et que c’est lui que j’avais choisi après tout ce temps. J’ai recommencé à chanter quand il n’y avait plus d’espoir et que je n’attendais plus rien. Voilà comment est né I’LL BE YOURS. Nous chantons tous l’amour mais nous avons chacun notre manière de le faire. Et c’est bien cela qui rend nos histoires et nos oeuvres différentes des unes et des autres ». Sa fragilité et sa douceur côtoient la force et la profondeur de ces émotions. Constance, c’est tout ça à la fois.